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stories

Angélique Voulzy

Restaurant :

Cheffe de l’EHPAD La Tournelle du groupe Emera – La Garenne-Colombes

Ce que je préfère comme...

ustensile :

le couteau éminceur parce que l’on peut tout faire avec

ingrédient :

à la maison, le piment végétarien et au travail, le curry

mon menu idéal entre amis :

Un filet de bœuf, sauce au poivre, mousseline d’artichaut et croquettes de patate douce suivi d'une tarte au citron.

partenaires "des étoiles et des femmes" depuis :

2021

L'engagement d'une cheffe

« Même si on doit demander de l’aide à son mari, aux amis, à la famille, on se débrouille pour accomplir notre rêve. La cuisine c’est une passion. Si on peut vivre notre passion, il n’y a pas meilleure réussite dans la vie. »

Angélique, vous travaillez en restauration collective dans un EHPAD, diriez-vous que la cuisine est un soin ? 

Je dirais que la cuisine est le dernier plaisir. Je crée des liens avec certains résidents, principalement ceux qui mangent au restaurant au rez-de-chaussée. Nous organisons régulièrement des commissions en incluant des résidents afin de parler de leurs souhaits. Les résidents aiment parfois les plats à l’ancienne comme la blanquette de veau, la langue de bœuf ou encore les moules frites, certaines choses qu’on ne cuisinerait pas forcément donc nous essayons de proposer un menu hebdomadaire qui leur plaît. Dans tous les cas, nous avons un budget à respecter mais je ne me suis jamais restreinte et nous pouvons faire de belles choses contrairement à ce qui est dit actuellement dans l’actualité médiatique. Je m’occupe des menus et des achats, il faut savoir équilibrer sa semaine. Nous devons penser le petit déjeuner, le déjeuner, le goûter et le diner.

Est-ce un choix de travailler en collectivité ? 

J’ai d’abord passé un baccalauréat technologique en hôtellerie-restauration puis j’ai fait un BTS aussi en hôtellerie-restauration. J’ai débuté dans des grandes maisons, des palaces et des restaurants gastronomiques. J’ai été bras droit dans un restaurant traditionnel à Boulogne Billancourt puis je me suis tournée vers de l’intérim en hôtellerie. En 2015, j’ai accepté une mission au sein du groupe EMERA, sans cela je n’aurais jamais mis les pieds dans un EHPAD ! La mission s’est transformée en CDI. J’étais sous-cheffe et en 2019 je suis passée cheffe.

En EHPAD, nous mettons en pratique des techniques que nous n’appliquons pas en restauration commerciale et c’est bien un choix d’y rester.  Je commence à 6h30 et je termine à 15h30 et même si c’est un peu loin de mon domicile ces horaires me conviennent parfaitement car j’ai une petite fille et ça me permet de ne pas faire de coupures. Nous sommes une belle équipe, tout le monde s’entraide.

« On peut faire des erreurs mais l’erreur nous fait grandir. La première qualité qu’il faut avoir c’est la maîtrise de soi et la patience. »

Que ressentez-vous au moment du coup de feu ?

Dans un restaurant normal, les clients arrivent au fur et à mesure alors qu’en EHPAD, il faut être prête à 12h quoiqu’il arrive. Les personnes âgées mangent à heure fixe. On commence à ressentir la pression vers 11h lorsque midi approche et que tout n’est pas terminé.

Être une femme en cuisine, c’est … ?

C’est compliqué si on ne s’affirme pas, si on ne se bat pas. Si on se dit : je n’ai pas ma chance parce que c’est un monde d’hommes, on va droit dans le mur. Il faut plus redoubler d’efforts et quand on a l’amour du métier on ne recule devant rien. On se donne les moyens de réussir.

Quel conseil donneriez-vous à une future diplômée « Des étoiles et des femmes ? » 

Ne lâchez rien. Avec un diplôme en poche, nous prenons confiance en nous. On se dit : moi aussi je peux, c’est une nouvelle vie qui commence, je vais me donner à 3000 pour 100 parce que j’aime ce que je fais.  Quand on veut quelque-chose il faut se donner les moyens coûte que coûte. Je suis moi-même maman d’une petite fille de 24 mois et je connais les difficultés liées à la garde des enfants mais nous avons eu des stagiaires qui ont fait des concessions et qui ont su trouver des solutions.

« Je trouve que c’est une association merveilleuse. Je rencontre de belles personnes qui ont des capacités, à qui on peut faire confiance et à qui il faut donner une chance. »

Vous avez proposé un poste à Françoise, une stagiaire « Des étoiles et des femmes », pouvez-vous nous en parler ? 

J’ai découvert l’association en intégrant le groupe Emera. Nous avons eu quelques stagiaires mais il est vrai que j’ai eu envie d’offrir un emploi à Françoise. Elle a fait trois stages chez nous. Elle a 23 ans et elle ne voulait pas faire de stage ailleurs. Lorsqu’elle est arrivée, tout n’était pas parfait puis au fur et à mesure ça allait beaucoup mieux. Elle a commencé à avoir confiance en elle, à retenir les choses et à les appliquer. Lors du dernier stage, c’était parfait. Je me suis alors dit, « je lui donne sa chance » car elle est très discrète et humble mais elle est aussi tenace et cela me plait. C’est un métier de tension et elle sait garder son calme. Au départ, je l’ai prise une semaine en cdd puis elle a montré de quoi elle était capable et elle m’a dit qu’elle voulait la place qui s’est libérée. Depuis février 2022, elle est en CDI en tant que troisième de rang. Nous sommes 4 cuisiniers pour 107 résidents.

D’où vient la passion de la cuisine ? 

À six ans, je savais que je voulais être cuisinière. Je me souviens des plats relevés de mes parents. Comme je viens des Antilles et que j’ai beaucoup voyagé, j’aime la cuisine qui allie les saveurs. Par exemple, je me souviendrais toute ma vie de ce plat qui mélangeait foie gras et poisson. En conclusion, j’aimerais remercier mes parents pour m’avoir transmis cette passion et mon frère et mon mari qui m’ont toujours soutenu dans mes choix et encouragé dans mon ambition.

interviewé par : Kenza Berrada