J’ai 53 ans, je suis maman de 2 grandes filles et si j’étais un plat je serai un saka-saka accompagné de liboké. En grandissant, j’étais dans les jupons de ma mère et les femmes de la famille en cuisine et avec mes 7 frères et sœurs, on préparait à manger à tour de rôle. Je suis arrivée en France à 32 ans suite à la guerre de 1997 au Congo avec mon mari et mes filles. Mon mari a été blessé par un tir de balle et une de mes filles, malade, avait besoin de soins impossibles à trouver sur place à cause de la guerre. Nous avons donc été accueillis à titre humanitaire. Pendant 2 ans et demi, je me suis occupée de ma fille à l’hôpital. Au départ, je pensais revenir au Congo car je venais d’obtenir mon diplôme et un poste d’agent commercial mais la santé de mon enfant ne le permettait pas. J’ai repris les études de comptabilité et j’ai travaillé pendant quelques années en région parisienne, puis à mon compte pour un produit que j’avais lancé dans l’agro-alimentaire suite à un licenciement.
J’ai d’abord commencé par l’agro-alimentaire. En 2013, j’ai développé un produit à base de manioc et très vite il a eu du succès. J’ai gagné des prix, animé des ateliers, eu des corners dans des pop-up stores, de la presse (Amina, Forbs Afrique) … En parallèle, je cuisinais pour des particuliers et de fil en aiguille on m’a demandé d’être traiteur pour un événement à l’ambassade du Congo, puis dans d’autres ambassades. Mais je ne me sentais pas légitime, je savais qu’il me fallait un diplôme pour pouvoir évoluer dans ce domaine et c’est mon conseiller pôle emploi qui a su m’écouter et qui m’a parlé « des étoiles et des femmes ».
C’est un cadeau cette formation ! On était 125 candidates pour 12 places. J’avais la chance d’habiter à 5 minutes du lycée hôtelier René Auffray à Clichy et je suis vraiment reconnaissante car tout était fait par l’association et les chefs pour qu’on réussisse. Malheureusement, on a eu les grèves puis le confinement mais ça ne m’a pas empêché de faire mon stage au restaurant bistronomique Rhapsody à Asnières où j’ai eu un chef très pédagogue. Avec le confinement, j’ai dû beaucoup m’exercer depuis chez moi, je commandais les produits à Rungis, je prenais des photos, mes filles testaient et j’envoyais à mes formateurs. C’est d’ailleurs mes filles qui à partir de là qui m’ont encouragé à créer ma page Instagram.
La sérénité ! C’est une chance de pouvoir bénéficier de la formation avec « des étoiles et des femmes », peut-être que celles qui doutent avant de se lancer c’est dû à la situation actuelle mais si elles y croient elles peuvent arriver à tout !
Pour ne pas sombrer et perdre le feu de cuisiner qui est en moi je continue de me former. J’ai été prise parmi 180 candidates après 2 semaines d’immersion chez « Meet my mama ». Nous sommes 15 à être formées pendant 3 mois et demi pour mettre en place et développer notre service traiteur à la maison. « Meet my mama » nous offre une formation de chef traiteur dans la Cuisine du Monde et nous accompagne sur la logistique, l’emballage et le transport. Je suis également les cours du jeudi soir adultes de la Mairie de Paris pour les cuisiniers qui souhaitent perfectionner leur projet et avoir une spécialisation de cuisinier chef traiteur.
Dans 5 ans, je voudrais me faire connaître dans le 92 et à Paris en tant que traiteur de cuisine congolaise et africaine avec des bases de gastronomie française. Dans 10 ans je m’imagine tenir une boutique avec des bocaux faits maison, des gammes de produits africains naturels qui au lieu de pourrir dans les champs seraient mis en valeur. J’irais les sourcer auprès de femmes en Afrique qui travaillent péniblement et je les rémunérerai à leur juste valeur. Il me manque les financements pour l’instant mais peut-être que « des étoiles et des femmes » peuvent accompagner les femmes qui souhaitent entreprendre ?
Dernièrement, je devais cuisiner pour des professionnels chez « Meet my Mama ». J’ai préparé un Muamba et d’habitude les gens me félicitent mais là, c’était un vrai jury … ils ont pris une paille pour ne pas laisser une goutte !
Je choisirais des produits de saison. En entrée, je proposerais un velouté de champignon avec une crème de coco, un œuf mollet et des champignons sautés ; en plat, une dorade grise à la plancha – que j’aurais mariné au préalable avec du citron et du poivre de penja – avec sa crème de safou et une purée de bananes plantain ; en dessert, une pana cotta de mangue et passion avec un biscuit pour apporter du craquant.